Klaus Zenz

Ici, le doute n'est pas permis, pas de perçage courbe suivant la spirale pour une raison évidente et essentielle : le rayon n'est pas constant, il est donc impossible de réaliser un perçage courbe en suivant cette spirale.

Pour rappel, le perçage courbe est réalisé avec un câble en acier, doté, ou non, d'une extrémité coupante rapportée (à défaut, c'est l'extrémité du câble qui réalisera le perçage), tournant à l'intérieur d'un tube en acier formé au rayon à réaliser. Le perçage sera réalisé, petit à petit en faisant pivoter la tête de pipe d'avant en arrière, par très petits mouvements selon le rayon de courbure comme Pierre me l'a expliqué.

Une machine, aujourd'hui inutilisée, permettait de réaliser cette opération selon l'axe pré-déterminé. C'est cette machine qui a percé les BC Maitre Pipier à perçage courbe de Paul Lanier Comme la jumelle de celle d'Alain, que je vous ai déjà présentée et celle qui fera l'objet d'un prochain post dans mon fil La collection des membres.Collection de Mpm.Bandit .

D'autres pipiers ont réalisé cette opération délicate sans cette machine, c'est extrêmement fastidieux et nécessite une très grande maitrise . . . Il me semble que Didier, du Caïd s'y est frotté . . .

Merci à Pierre de bien vouloir amener plus de précision au sujet de ces perçages si particuliers . . .

Comme le montre Phil dans son article, le tube se doit d'être extrêmement rigide et il est difficile de percer plus d'un quart de tour de cette manière (ce qui correspond à 120° apparents). Une grande dextérité est nécessaire pour assurer un parfait alignement du perçage avec l'axe de la pipe. Un perçage sur 120° correspondant à un demi tour apparent (axe de sortie parallèle à l'axe du foyer) constitue le maximum théorique avec ce dispositif, de fait, sur mes deux Lanier, le perçage n'excède pas 90°.

Contrairement à ce qui peut naturellement apparaître, il est pratiquement plus aisé de réaliser un perçage courbe de forte angulation en spirale que plan. Comme pour un ressort il faut décaler latéralement la sortie du tube du plan de l'entrée. Dans le cas d'un perçage courbe plan, sans la fameuse machine, les efforts exercés sur la pipe pour la faire pivoter risquent d'entrainer une sortie du plan initial plus ou moins nette selon la raideur du tube. Il n'est que partiellement possible de les réduire en bridant le tube au fur et à mesure de l'avancement selon l'axe prévu au plus près de la fin provisoire du perçage. Là, la sortie est nécessairement décalée puisque le tube est spiralé, le tout est qu'elle ne le soit ni trop, ni trop peu.

Bien évidemment, la raideur du tube est primordiale, de même que l'épaisseur initiale de la tige permettant de s'affranchir des écarts entre l'alignement parfait et l'alignement réel. Une fois le perçage terminé, une mesure réalisée avec le tube en place permettra de déterminer le cheminement exact du perçage et d'affiner considérablement la tige en limitant les risques d'une trop forte excentration. ces constatations me poussent à penser que le risque de désalignement de la sortie du perçage rend difficilement envisageable de réaliser un perçage dépassant le quart de tour couramment réalisé par le passé et qui plus est spiralé en partant de l'extérieur et en arrivant parfaitement au centre du foyer. La splendide pipe postillon a-t-elle été réellement fabriquée ou est-elle restée sur le papier ? De nos jours, le perçage d'un bloc serait possible avec le degré angulaire prévu, une radiographie sous deux plans du bloc, tube de perçage en place permettrait de positionner la sortie avec une grande précision et de réaliser le perçage du foyer dans l'alignement parfait . . . Mais ça, c'est une autre histoire ! ! !