Rapport préliminaire sur certains tabacs de Hans Wiedemann

par FranP Lun 21 Nov - 21:30

On a beaucoup parlé du travail de ce « micro-blender » allemand, qui est débarqué d’importance dans le marché du tabac il y a quelques mois avec une bonne vingtaine de mélanges. Sa réputation en France n’est plus à faire, ses premières notes sur Tobacco Reviews sont formidables et même les forums de fumeurs russes chantent ses louanges. Bref, il fallait regarder de plus près.

Parmi ses nombreuses créations, qui vont du très lourd à l’aro bon genre en passant par une gamme de Va/Pe et assimilés, j’ai testé trois mélanges. Voilà mes premières impressions, que je vais compléter au fil des jours.

1. Sweet Latakia

Tout est dans le nom. C’est un 50% de latakia avec du virginie et des orientaux qui chantent le bourdon. Il ne croyait pas si bien dire, maitre Wiedemann : l’odeur qui vous salue à l’ouverture de la boite est sweet de chez sweet, doucereuse même. On se souvient presque des cavendish les plus sucrés de chez Troost. Ouch ! Première constante du style de Wiedemann : il aime parfois à mettre en évidence le côté « réglisse » du latakia aux dépenses du côté « fumé ». C’est une interprétation très féminine de ce tabac, si j’ose dire, presque mièvre. Mais là, surprise ! On fait sécher, on allume et bientôt on découvre une charpente bien plus complexe qu’on ne l’aurait soupçonné. Des notes acidulées et un fond velouté avec une pointe d’amertume viennent au secours du jeu discret entre virginie et latakia langoureux : le pas de deux préconisé par le texte sur la boite est effectivement reconnaissable au fumage. Il en résulte un accord puissant et équilibré, pas écœurant pour un sou. L’effet bâtonnet de réglisse est tempéré par des épices et par un je-ne-sais-quoi de plus viril qui donne du poignet au mélange. Le résultat est très smooth et convaincant. Deuxième constante du style de Wiedemann : tel un pianiste expert faisant ressortir l’indépendance des voix, il fabrique des mélanges en contrepoint qui se signalent par des contrastes marqués et des harmonies subtiles. On passe le temps du fumage à en suivre l’évolution constante et à jubiler des petites surprises. Franchement, c’est la première fois qu’il m’arrive de saisir avec une telle netteté les rapports de complémentarité et contraste entre les différentes composantes, qui gardent leur individualité sans s’imposer sur le tout. De ce beau rêve il ne reste à la fin du bol qu’un léger dépôt de cendres blanches et sèches, quelle meilleure garantie ? Somme toute, on dirait, Wiedemann a une idée de mélange anglais qui n’est pas tout à fait la mienne, mais il dit clairement ce qu’il veut dire, on voit où il veut en arriver. Là est l’essentiel, ce n’est pas une question de raison ou de tort. Je sens que mes 100g et moi auront beaucoup de choses à nous dire dans les semaines qui viennent.
Note provisoire : 4/5

[To be continued…]